mardi 11 novembre 2008

Barack Obama, la révolution tranquille

En devenant à 47 ans le premier président noir des États-Unis, Barack Obama incarne le renouveau du rêve américain. Ambitieux, charismatique, il entend être le président de tous les Américains. Portrait.

C’est une histoire américaine comme il les chérit. A 47 ans, Barack Obama, encore inconnu il y a quelques années, devient le premier Noir à accéder aux fonctions suprêmes des Etats-Unis. Lui qui s’était promis de restaurer le rêve américain peut aujourd’hui savourer sa victoire.

"Si jamais quelqu’un doute encore que l’Amérique est un endroit où tout est possible, la réponse lui est donnée ce soir", a-t-il lancé devant une foule en liesse lors de son discours de victoire au Grant Park, à Chicago. Sur la scène, accompagné de sa femme Michelle et de ses deux filles, Malia (10 ans) et Sasha (7 ans), il offrait au monde entier le visage d’une nouvelle Amérique. Barack Obama, ou l’itinéraire d’un homme ambitieux et charismatique.

C’est en juillet 2004 qu’il est sorti de l’anonymat. Les démocrates tiennent leur convention avant la présidentielle. Le modeste élu local de Chicago monte à la tribune pour soutenir le candidat John Kerry et électrise littéralement l’assemblée. Sans doute autant que son allure – fine et élancée – et sa voix – claire et porteuse, le discours séduit. Le sénateur de l’Illinois Barack Obama développe une rhétorique qui lui tiendra lieu par la suite de viatique.

"Il n’y a pas une Amérique de gauche et une Amérique conservatrice, il y a les Etats-Unis d’Amérique, déclare-t-il. Il n’y pas une Amérique noire et une Amérique blanche et une Amérique latino ou asiatique, il y a les Etats-Unis d’Amérique…nous ne faisons qu’un ."

Réconcilier les Américains

Tout le long de sa campagne, Barack Obama a plaidé pour la réconciliation des Américains, au-delà des différences, de la couleur de peau, de sexe ou d’âge. Né à Hawaï d’un père noir originaire du Kenya et d’une mère blanche Américaine, il a soigneusement évité d’être enfermé dans un discours communautariste classique, se gardant de se présenter comme le "candidat noir".

On l’a ainsi peu entendu sur les questions d’injustices raciales ou de surreprésentation des Noirs dans les prisons. Pour autant, Barack Obama s’inscrit dans une histoire américaine où la ségrégation raciale est encore dans les mémoires. S’il revendique l’héritage de John Kennedy, dont il a la jeunesse et à bien des égards la séduction, ses héros s’appellent Abraham Lincoln, l’artisan de l’abolition de l’esclavage, et Martin Luther King, la figure emblématique du mouvement des droits civiques.

Le soir de son élection, la foule de ses partisans avait cela à l’esprit lorsqu’il a déclaré : "Ce soir, je pense à cette femme qui a voté à Atlanta (...). Ann Nixon Cooper a 106 ans. Elle est d'une génération née juste après l'esclavage.

A une époque à laquelle quelqu'un comme elle ne pouvait pas voter pour deux raisons : parce que c'était une femme, et à cause de la couleur de sa peau". "Je ne serai pas un président parfait" De son histoire, Barack Obama aime raconter celle d’un enfant américain de la middle-class. Elevé par sa mère en Indonésie puis à Hawaï par ses grands-parents maternels, il grandit dans un milieu modeste.

Il part étudier à New York les sciences politiques et les relations internationales à l’université de Columbia et choisit, plutôt que la finance, un poste de travailleur social dans l’un des quartiers les plus pauvres de Chicago. Il en partira pour faire l’Ecole de droit de Harvard et sera, en 1991, le premier Noir à être nommé rédacteur en chef de la prestigieuse "Harvard Law Review".

De retour à Chicago, où il est dorénavant avocat, il rencontre Michelle, qui travaille également dans ce métier. Après un échec à la Chambre des représentants en 2000, rien ne semble arrêter l’ascension politique de Barack Obama, élu en novembre 2004, premier sénateur noir au Congrès.

Pas même le clan Clinton, auquel il s’est affronté lors des primaires pour la candidature démocrate. De nombreux défis attendent à présent Barack Obama, dont la victoire a soulevé un immense espoir de changement auprès du peuple américain et du reste du monde.

Il a quatre ans pour faire ses preuves, et sans doute quelques mois de lune de miel devant lui. "Je ne serai pas un président parfait, avait-il déclaré lors de la campagne, mais je peux vous promettre ceci : je serai toujours honnête en vous disant ce que je pense et où je me situe".

Aucun commentaire: