jeudi 22 janvier 2009

LA VICTOIRE DE BARACK OBAMA : QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

LA VICTOIRE DE BARACK OBAMA : QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

L’élection de Barack OBAMA ce mardi 4 novembre 2008 comme 44ème Président des Etats-Unis est une véritable révolution copernicienne. Ma conviction profonde est qu’il y aura dans l’Histoire des Etats-Unis, et dans celle de la démocratie dans le monde, un avant et un après 4 novembre 2008.

Même dans leurs rêves les plus fous, je suis persuadé que les « Founding Fathers » eux-mêmes, ces « Pères Fondateurs » de la Nation et du Rêve américains, ne se sont jamais imaginé ce scénario que nous avons vécu comme un film surréaliste.

Martin Luther KING, de là où il est aujourd’hui, ne pourra retenir sa joie : son sacrifice n’aura pas été vain, car le destin du peuple noir américain, nourri par des luttes multiformes et âpres dont il fut l’un des porte-flambeaux le plus emblématique, s’est accéléré en cet an de grâce 2008.


Au-delà des aspects émotionnel et anecdotique de l’élection d’un Noir, fils d’un Noir du Kenya, à la tête de la première puissance du monde, la leçon qu’il importe de retenir de cette véritable odyssée est que lorsqu’une idée s’empare d’un peuple, aucun obstacle ne peut l’empêcher de triompher.

L’Amérique, cette terre de démocratie qui a inspiré tant d’autres peuples, était devenue le symbole du repli sur soi, du recours permanent au chantage à l’utilisation de la force brute, du refus du multilatéralisme, etc... L’Amérique, cette terre généreuse, faisait peur, aussi bien au reste du monde qu’à ses propres enfants.

OBAMA a compris cela, et a décidé de lutter, par la force de ses convictions, contre cette fatalité ambiante. Il a su transmettre à ses concitoyens, mais également au monde entier, le message fort selon lequel dans toute démocratie véritable, les peuples sont maîtres de leurs destins. Cette maîtrise de leur destin passe par le choix réfléchi de leurs dirigeants, sur la base de programmes crédibles, au-delà des considérations raciales, afin de faire renaître l’espoir.

OBAMA a martelé cette vérité simple avec beaucoup de sincérité et de conviction. Le peuple américain l’a très largement plébiscité parce qu’il lui a redonné espoir, sur la base de vérités simples et vérifiables.

L’africain que je suis, témoin quotidien d’une culture « politique » ambiante bien singulière sous nos latitudes, ne peut que souligner et saluer le soutien décisif et constant qu’ OBAMA a reçu de leaders d’opinion américains d’horizons divers, qui n’ont pas sacrifié leurs convictions démocratiques à l’autel de compromissions diverses.

En Afrique, beaucoup n’ont retenu de la victoire d’OBAMA que sa « négritude », et ont, comme d’habitude, chanté et dansé.

Nous avons entendu des Chefs d’Etat africains, champions d’élections truquées dans leurs propres pays, s’étrangler d’émotion et d’admiration devant cet événement qu’ils refusent chez eux.
Nous avons entendu des Chefs d’Etat africains, champions de la prolongation des mandats constitutionnels, nous avons entendu des chefs d’Etat africains, adeptes des monarchies présidentielles, ainsi que leurs alliés objectifs dans la théorisation de la démocratie-occidentale-impossible-en Afrique-noire , applaudir à tout rompre ce séisme d’outre-Atlantique et chercher leurs mots pour se féliciter de ce qu’ a réalisé ce cousin d’Amérique.

Est-ce l’hommage du vice à la vertu ou l’expression tardive de la reconnaissance des bienfaits d’une alternance non bloquée ? L’avenir nous le dira.

L’Afrique doit se donner les moyens d’avoir ses propres OBAMA. Nos peuples doivent savoir que ces images que les télévisions du monde entier leur ont projeté cette nuit du 4 novembre, ils peuvent les créer et les vivre directement dans leurs propres pays, mais à une et à une seule condition.

Cette condition est que nos peuples doivent se battre eux-mêmes pour une véritable démocratie et pour des élections crédibles dans leurs propres pays, au lieu des ces élections « placébos » désormais ancrées dans nos traditions, et rapidement reconnues par la « communauté internationale » pour éviter, bien sûr, que ces « sauvages ne s’étripent »…

Nos peuples doivent se battre, dis-je, en comptant d’abord sur les forces politiques et sociales internes à chaque pays. Ensuite , mais ensuite seulement, elles solliciteront aussi bien OBAMA que l’appui des forces démocratiques partout dans le monde, pour mettre fin à cette situation incroyable et inédite : ce que le peuple kenyan n’a pu obtenir lors des élections de 2007 chez lui, son fils l’a fait aux USA.

L’Afrique doit produire des processus démocratiques limpides et rafraîchissants, et non pas des élections imbuvables comme au Kenya et au Zimbabwe ou des démocraties mort-nées comme en Mauritanie où le ridicule le dispute au surréaliste.

Hier comme aujourd’hui, seule la lutte libère !

Martin ZIGUELE
Président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC)
Source : www.lemlpc.net

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